Vanessa a 36 ans. Dans son enfance, elle a été victime d’un pervers narcissique, et pas n’importe lequel : son propre père. De 8 à 20 ans, elle a grandi dans la peur et l’insécurité. Elle et ses sœurs ont subi la violence, la manipulation et les humiliations répétées de leur géniteur. Un environnement peu propice à l’épanouissement et au développement de l’estime de soi… Aujourd’hui, elle revient courageusement sur son enfance douloureuse. Elle nous raconte comment elle est parvenue à se reconstruire après avoir vécu sous l’emprise d’un pervers narcissique et à transformer cette épreuve en force. Un bel exemple de résilience !
Un bonheur de courte durée et le début du calvaire
Mes parents se sont séparés à ma naissance, dans la violence. Mon père est revenu dans ma vie lorsque j’avais 8 ans. Au départ, j’étais trop heureuse d’avoir enfin un père comme les autres enfants autour de moi. Mais, j’ai très vite senti que quelque chose n’allait pas… Il était moqueur, nous critiquait constamment, disait du mal de ma mère en son absence et se faisait un malin plaisir de nous manipuler pour la discréditer. C’est lui qui m’a appris l’expression “diviser pour mieux régner”. Il adorait créer des histoires, humilier, rabaisser et menacer. J’avais peur de rentrer chez moi car je ne savais jamais ce qui m’attendait. Chaque minute pouvait se transformer en enfer ! Mon enthousiasme des premiers jours a laissé place à l’incompréhension, la déception et la colère. Incompréhension car je sentais que ce que je vivais n’était pas normal sans savoir mettre un mot dessus. Déception et colère car j’en voulais terriblement à ma mère de ne rien faire. Lui était fou et malade mais, elle, après tout leur passif de violence et de toxicité, continuait à rester avec lui, à suspendre ses plaintes, à lui accorder des chances imméritées, à le choisir, lui, en somme.
Pour survivre, j’ai développé des mécanismes de défense
Rêveuse, pour m’échapper de ce monde de fou dans lequel je vivais, je me suis réfugiée dans les livres. J’écris et je lis beaucoup depuis mes 16 ans. J’ai aussi développé un goût pour la psychologie et la philosophie car j’avais besoin de comprendre pourquoi cela m’était arrivé à moi, qui sont les Hommes et pourquoi ils agissent comme ils le font etc. J’ai également commencé à développer une relation particulière à la nourriture. Je suis passée d’une enfant chétive qui n’aimait pas manger à une gamine en surpoids. Je sais maintenant que c’était une façon de me protéger… Bien sûr, j’aurais voulu être dans une relation comme toutes les autres ados de mon âge, mais j’avais peur des hommes. Surtout ceux qui, à l’extérieur, passaient pour des gentlemen séduisants et drôles. Je détestais quand on osait me dire : “Ton père waw, quel homme ! Comme c’est quelqu’un de bien et sympa !” En réalité, on ne connaît jamais vraiment personne. Quand la porte du domicile se ferme, on ne sait pas ce qui s’y passe à l’intérieur, alors pas de jugement hâtif… J’avais perdu confiance en moi. J’étais devenue ma propre ennemie. Et je rêvais du jour où je partirai enfin.
Le début d’un nouveau chapitre
J’ai finalement pris mon envol à 20 ans en allant vivre avec ma grande sœur. J’ai eu la chance de rencontrer, parmi mes amis, des tuteurs de résilience. Grâce à eux, j’ai réalisé que toutes les familles n’étaient pas toxiques. Il existait des gens aimants, de confiance, fidèles et loyaux sur cette Terre et je pense réellement que c’est parce que j’ai rencontré de bonnes personnes, aux bons moments que je n’ai pas “mal tourné”. Même si je n’oublie pas (et n’oublierai jamais), aujourd’hui, j’ai pardonné. Je me suis fait ce cadeau car pardonner, c’est avancer. Je suis devenue le contraire de mes parents : honnête, fiable, respectueuse, généreuse, attentionnée, ouverte d’esprit… Forte et fragile à la fois, cette expérience de maltraitance m’a aussi appris à écouter mon instinct. Convaincue que rien n’arrive par hasard, j’ai décidé de faire de cette épreuve une force en créant HYANA : Hope You Are Not Alone. En vendant des accessoires de mode, je soutiens, à mon échelle, des associations qui défendent les violences faites aux femmes (Une voix pour elles) et la maltraitance infantile (Les papillons 06). En 2023, ce genre de violence ne devrait plus exister !
1 Commentaires
Merci pour ton témoignage Vanessa. Il est très poignant et c’est attristant de se dire que cela se passe dans certaines familles.
Je trouve cela très courageux car cette histoire t’a inévitablement marquée et forgée une identité. Tu as dû travailler dessus pour faire ta vie d’adulte autrement et reprendre confiance. Merci à toi. Quelle belle leçon de vie qui permet de nous faire avancer quand le moral n’est pas au top